Recrutement : le point commun entre un Développeur Web et une tulipe hollandaise

C’est le candidat que l’on guette des jours durant, posté à l’affût dans un bois humide, le cœur gonflé d’espoir de trouver un profil avec les compétences requises. On le trouve enfin, après des jours de battue, à l’issue d’une ultime nuit de recherche. Et il ne fait que du « C++ »….or le client a bien précisé « PHP ». Tout est à refaire. Le Développeur est la denrée rare de notre époque, la baleine blanche du recruteur courageux, qui passe ses journées et ses nuits à tenter de séduire la poignée d’individus pertinents qui vaquent sur le marché de l’emploi.

De fait de nombreuses entreprises se spécialisent dans cette traque d’un genre très spécial, d’autres lèvent d’importantes sommes d’argent pour y prendre part. Et personne, ou presque, ne semble poser la question de la pérennité de cette situation. Le Développeur est rare, oui, mais depuis toujours ? Et pour toujours ?

A la première question il est aisé de répondre : non. Il n’y a pas si longtemps il n’y avait pas de « Développeur PHP fullstack backend, spécialisé Symfony ». Il y avait des « informaticiens ». Leurs compétences allaient du paramétrage de la boite mail de Monique-de-la-compta au développement d’un site web. Mais le monde s’est digitalisé, les grandes entreprises aussi et, bien sûr, le mot « startup » est devenu autant à la mode que « selfy » ou « buzz ». Dès lors la demande en Développeurs a augmenté aussi significativement que rapidement.

Or des cursus de programmeurs, jusqu’à il y a peu, il y en avait pas. Ou peu. L’Epitech, ainsi qu’une poignée d’écoles d’ingénieurs, spécialisaient certains de leurs élèves en programmation. Mais rien de plus. Voilà pourquoi lorsque, aujourd’hui, vous cherchez un « Développeur 20 ans d’expérience » c’est un peu comme si vous cherchiez un profil Facebook vieux de 15 ans : ça n’existe pas.

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Pour la 2e question la réponse est moins claire, mais bien plus intéressante : le Développeur restera oui ou non un profil pénurique ? Rien n’est moins sûr. Proposer une formation avec 90% d’embauche à l’issue du cursus est un filon prometteur : de très nombreuses écoles se sont engouffrées dans la brèche, et de nombreuses autres structures existantes ont créé leur label « programmation ». De fait : l’évolution du marché du recrutement IT fait férocement penser à celle d’une bulle spéculative.

Qu’est-ce qu’une bulle spéculative ? Ne comptez pas sur moi pour rentrer dans des détails techniques financiers ennuyeux. Je laisse cela à Leonardo Di Caprio ou Matt Damon. Résumons simplement le principe grâce à la première « bulle spéculative » de l’Histoire : la crise des Tulipes Hollandaise, qui présagea toutes les autres, et se résume en 4 phrases. En 1637 en Hollande :

  • Le prix des tulipes s’envole.
  • Tout le monde commence à vendre des tulipes.
  • Il y a trop de tulipes.
  • Le prix de la tulipe s’effondre.

 

Si ça vous fait penser aux subprimes, aux magasins de cigarettes électroniques ou aux programmeurs web c’est tout à fait normal.

Car aujourd’hui le prix des Développeurs s’est envolé, et depuis peu une flopée de formations se préparent à délivrer sur le marché une armée de geeks à la recherche d’emploi…trop ? Toujours pas assez ? Est-il alarmiste de penser que, avant d’arriver à l’équilibre, nous passerons par une période de « trop plein » de programmeurs ? Chez tool4staffing nous travaillons avec les cabinets chaque jour, et force est de constater que les Développeurs Juniors se trouvent déjà plus facilement. Est-il risqué de parier que dans 3 ans ce sera aussi le cas des « 3 ans d’exp » ? Puis des « 5 ans d’exp » ? Etc…

A l’heure où des fonds investissent dans le recrutement IT et où se montent une pléthore de business models basés sur la recherche de candidats tech il est intéressant de voir que personne ne semble questionner la pérennité de la pénurie actuelle. Tous les modèles basés sur cette pénurie vont-ils parvenir à survivre si elle ne dure pas ? Et accessoirement : qu’adviendra-t-il de tous ces candidats dûment, longuement et chèrement formés…sans travail derrière. Serait-ce la première fois ?